Habituellement non classé parmi les « cépages nobles » d’Alsace et beaucoup moins réputé que sa variante épicée le gewurztraminer, le Klevener (type de raisin en langue allemande) de Heiligenstein, à la fois élégant et subtil, est le vin de gastronomie par excellence.
Produit, comme son nom l’indique, dans la commune d’Heiligenstein (ainsi que dans cinq autres communes dont Gertwiller, chez Alsace Habsiger), le Klevener d’Heiligenstein est un cépage à l’existence pour le moins tourmenté.
Celui-ci, également connu sous le nom de savagnin rose (cépage parent du traminer), a été rapporté d’Italie en 1742 par le bourgmestre d’Heiligenstein, Ehrhardt Wantz. Cette année-là, un procès oppose la commune à trois de ses voisines à propos de l’appartenance des terrains dits « Auboden ». Le procès remporté, Heiligenstein est autorisé à planter du klevener sur cette terre. Le succès de ce nouveau cépage fut tel que 11 ans plus tard, une seconde tranche du terrain fut allouée aux viticulteurs par le Conseil Souverain d’Alsace résidant à Strasbourg. Un état de grâce de courte durée puisque deux siècles plus tard, le gewurztraminer, cépage aux arômes plus prononcés, le remplace progressivement. Pour couronner le tout, à la fin de ce siècle, les vignes sont totalement décimées par le phylloxéra. Le savagnin rose tombe alors très rapidement dans l’oubli. En 1970, il restait à peine trois hectares du cépage en production. Sa renaissance, le Klevener d’Heiligenstein la doit notamment à la reconnaissance, par décret du 30 juin 1971, de l’Appellation Contrôlée « Alsace Klevener de Heiligenstein ».
Aujourd’hui, ce sont plus d’une dizaine de viticulteurs qui font vivre ce vin, dans la région d'Heiligenstein, où le terroir, sec et peu riche, incite les vignes à rechercher leur nourriture en profondeur. Ajoutez à cela un soleil généreux et des méthodes de travail respectueuses de l’environnement et on obtient un raisin d’une richesse aromatique incomparable.